La Moyenne Entreprise (ME) : entre grande et petite?

La Moyenne Entreprise (ME) : entre grande et petite?

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L’objet de ce billet est la moyenne entreprise, le M de PME. Une entreprise qui n’est plus petite et pas encore grande. Pour plusieurs raisons, les seuils sont difficiles à fixer. La plus évidente tient au fait qu’ils varient en fonction des secteurs. Il est donc difficile de définir précisément ce que moyenne veut dire. Le plus simple, pour avoir quelques repères en tête, reste de recourir aux exemples.

Une Moyenne Entreprise (ME), c’est, dans le domaine de l’édition, une entreprise d’une centaine de personnes, une entreprise industrielle de 200 salariés voire plus, un cabinet de 50 consultants ou avocats,…

La moyenne entreprise : la grande oubliée

La quasi-totalité des articles de presse, ouvrages professionnels ou académiques, conférences, séminaires de formation,… sont consacrés à la grande entreprise. Elle représente aussi l’immense majorité des clients des cabinets conseils. Du coup, les méthodes et outils de management ont été développés par elle et pour elle. La petite, voire très petite entreprise, est, par phase, objet d’attention de la part des pouvoirs politique et public parce qu’elle constitue une source significative de création d’emplois. Quand tout va mal dans la grande entreprise, on compte sur la petite pour relancer l’économie et réduire le chômage.

Mais l’entreprise moyenne, elle, passe régulièrement à travers les mailles du filet des uns et des autres. Au moins jusqu’à un passé récent ! En effet, nos gouvernants viennent de prendre conscience d’une anomalie conséquente du système économique français : par rapport aux Etats-Unis et à un certain nombre de nos voisins européens, l’Allemagne et le Royaume-Unis notamment, il nous manquerait l’équivalent de 10 000 entreprises de 300 salariés. Ce déficit d’entreprises de taille moyenne serait la source de nombre des maux de notre économie : compétitivité, emploi,…

Les Entreprise de Taille Intermédiaire (ETI)

A la suite de cette prise de conscience, la loi de modernisation de l’économie du 4 août 2008 a officialisé la création d’une nouvelle catégorie d’entreprises, les Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI), regroupant la fourchette haute des entreprises moyennes (l’autre partie, celles dont la taille est inférieure à 250 salariés, restant rattachée à la catégorie des PME), avec, entre autres, l’objectif fixé par le président de la république de doubler leur nombre d’ici la fin de son quinquennat.

Pourquoi manque-t-on-si cruellement d’entreprises de taille moyenne ? En grande partie, répondent les experts, parce que trop peu de petites entreprises enfants, pour reprendre l’expression pédagogique d’Yvon Gattaz, deviennent un jour des entreprises moyennes adultes. Dans notre pays, la création de nouvelles entreprises est suffisante, mais trop peu de jeunes entreprises se développent de manière significative. Le grand responsable, selon les mêmes experts, serait l’environnement fiscal et financier des PME : une fiscalité (IS, ISF, IRPP) trop lourde, un manque de soutien des banques,…

Des raisons financières et fiscales, mais aussi managériales

Cela est indéniable ! Les rapports en tout genre, d’instances gouvernementales ou de « Think Tanks », se multiplient pour faire des propositions permettant de remédier au problème à court et moyen terme. Mais il y a une autre explication, complémentaire à la première. La moyenne entreprise n’existe pas plus, peut-être même moins, aux yeux des journalistes, consultants, chercheurs,… bref aux yeux de tous ceux qui produisent des informations et des connaissances sur le management. Faute d’être reconnue comme un type d’entreprise à part entière, personne ne se penche sérieusement sur les spécificités de son fonctionnement et, ce faisant, ne développe les méthodes et outils de management adaptés à ses caractéristiques.

Au-delà des obstacles financiers et fiscaux, le dirigeant de la PME est régulièrement convoqué pour expliquer le trop faible développement de son entreprise. On invoque son goût, prétendument immodéré, pour l’indépendance comme frein majeur. Soit, là encore ! Mais personne ne souligne qu’il ne dispose ni d’outils ni de méthodes adaptés au pilotage de son activité et encore moins au développement de son entreprise.

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