Et si on reparlait de Sociocratie ?

Et si on reparlait de Sociocratie ?

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Le terme « sociocratie », qui signifie littéralement la gouvernance du « socios », c’est-à-dire la gouvernance des personnes liées par des relations significatives, a été inventé par Auguste Comte. Ses grands principes sont issus des travaux de Kees Boeke, un pédagogue hollandais, puis de ceux de Gerard Endenburg qui les a opérationnalisés et confrontés à l’épreuve des faits en les mettant en œuvre au sein de  Endenburg Elektrotechniek, l’entreprise familiale qu’il dirigeait.

La sociocratie est un mode de gouvernance et d’animation managériale particulièrement adapté aux Team-Based Organizations dont les principes constituent, de mon point de vue, une alternative de plus en plus pertinente au modèle hiérarchique traditionnel (voir mes billets sur le sujet en cliquant ici, ici ou encore ici). La sociocratie repose sur quatre grands principes. Quels sont-ils ?

Les cercles et le consentement

Un cercle est une structure semi-autonome très proche de la notion d’équipe de la Team-Based Organization. Il doit pouvoir définir ses objectifs, les mettre en œuvre et mesurer ses résultats pour, le cas échéant, procéder à des ajustements. Jusque-là, rien de véritablement nouveau. C’est le principe du consentement qui apporte une valeur ajoutée significative aux modalités de gouvernance et d’animation managériale de la Team-Based Organization. De quoi s’agit-il ?

Un cercle sociocratique établit son fonctionnement et définit son organisation sur la base du consentement de ses membres. Cela signifie qu’aucune décision importante ne peut être prise si un de ses membres y oppose une objection raisonnable.

Une objection est jugée raisonnable si elle satisfait deux critères : (1) la décision envisagée empêche la personne qui émet l’objection d’exercer correctement sa fonction ; (2) cette même personne participe activement à la recherche d’une alternative.

Le consentement présente les avantages du consensus, sans en comporter les inconvénients. Dans le consensus, tout le monde dit « oui ». Dans le consentement, personne ne dit « non ».

Les décisions opérationnelles ne sont pas forcément prises par consentement. Cependant, l’équipe décide par consentement quelles décisions peuvent échapper à la règle, comment et par qui elles sont prises et pour quelle durée il est possible de procéder autrement que par consentement.

Le double lien et l’élection sans candidat

Contrairement aux pyramides du modèle hiérarchique traditionnel, un cercle n’est pas relié au cercle de rang supérieur par une seule personne, mais par deux. L’une est désignée par le cercle de niveau supérieur pour le représenter au sein du cercle de niveau inférieur. Et une autre est choisie par le cercle de niveau inférieur pour le représenter au sein du cercle de niveau supérieur.

La première personne s’apparente au manager du modèle traditionnel. La seconde est plus liée à la notion de leader qui est coopté par les membres de l’équipe pour les représenter au niveau supérieur.

Enfin, le choix et l’affectation des personnes dans une fonction au sein de l’équipe s’effectuent par un processus de vote sans candidat déclaré. Chaque membre du cercle propose la personne qu’il estime la plus adaptée à la fonction, puis justifie son choix. L’absence de candidat garantit qu’il n’y a pas de perdant, et le consentement que chacun est convaincu que le meilleur choix possible a été fait.

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