Organisations mécanistes et organiques : une distinction sous exploitée

Organisations mécanistes et organiques : une distinction sous exploitée

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La distinction entre structures mécanistes et organiques, traditionnelle en théorie des organisations, n’est pas nouvelle. Elle est issue des travaux de Tom Burns et G.M. Stalker qui datent des années 1950. Elle est souvent utilisée seulement pour distinguer les organisations entre elles. C’est dommage ! Ce faisant, on perd une partie de sa richesse et on n’exploite pas tout son potentiel, surtout au moment où on parle d’agilité à tout bout de champ.

Machines Versus Organismes vivants

Les structures mécanistes sont faites de règles, procédures, modes opératoires, organigrammes et descriptions de fonction. L’organisation est appréhendée comme une machine composée de rouages assemblés avec précision et parfaitement huilés. Rien n’est laissé au hasard ! La spécialisation, la standardisation et la formalisation sont poussées aussi loin que possible. Une fois les tâches décrites et l’ordre de leur enchaînement précisé, on met les bonnes compétences aux bons endroits : le fameux « the right man at the right place » de Frederick Taylor. Enfin, la hiérarchie contrôle que le travail est réalisé conformément à la manière dont il a été défini. Le manager est d’abord et avant tout un superviseur.

Les structures organiques permettent, elles, l’agencement et le réagencement des compétences en fonction des contextes d’action et d’évolutions pas forcément prédictibles. L’organisation est ici plutôt appréhendée comme un organisme vivant composé d’organes qui agissent de concert et de cellules en perpétuel mouvement. On y manage d’abord par les compétences : le fameux “who first… then what” de Jim Collins !

Deux dimensions présentent dans toute organisation

La typologie mécaniste / organique est souvent seulement utilisée pour différencier et qualifier les structures entre elles. La grande entreprise est d’ordre mécaniste, la petite est, elle, organique ! Une entreprise industrielle est mécaniste, une société de services organique ; etc…

Cette distinction est, de mon point de vue, plus intéressante pour repérer deux dimensions de nature différente présentes dans toute organisation, mais à des degrés divers. Chaque organisation possède des aspects mécanistes et d’autres organiques, mais pas dans la même proportion.

Par ailleurs, toute chose égale par ailleurs, on accédera plus facilement à la dimension mécaniste d’une organisation si on l’appréhende par son cadre organisationnel et à sa dimension organique si on plonge au cœur des interactions réelles entre les personnes qui la composent (voir mon billet sur les trois étages d’une organisation).

Corrélation entre le type de problèmes rencontrés et la nature des solutions qui permettent de les résoudre

Enfin, une organisation est un artefact, une création de l’homme pour l’homme ; c’est d’abord et avant toute chose une réponse à un problème : comment faire ensemble ce qu’aucun de nous ne peut produire seul ?

Or, il y a une forte corrélation entre le type de problèmes rencontrés et la nature des solutions qui permettent de les résoudre : les réponses organisationnelles à un problème compliqué seront plutôt de nature mécaniste, les réponses à un problème complexe plutôt organiques (voir mon billet sur la distinction entre compliqué et complexe).

Le défi organisationnel de ce début de XXIème siècle !

Compte tenu des évolutions de leur environnement, les problèmes auxquels nombre de grandes entreprises sont aujourd’hui confrontées, sont moins compliqués que complexes. Or, leur organisation est encore pour une large part de nature mécaniste.

Si la structure des PME est par nature organique, les structures organiques à “grande échelle” restent largement à inventer. C’est sans doute le défi organisationnel de ce début de XXIème siècle !

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