La littérature est unanime sur le sujet : le dirigeant doit porter la transformation. Cette fois, la pratique confirme la théorie : l’implication du dirigeant est la première des conditions de réussite de toute transformation. Sans engagement du dirigeant, point de transformation ! Cette condition n’est évidemment pas suffisante, mais elle est nécessaire.
Cet engagement est, en même temps, très souvent à l’origine des difficultés que le dirigeant rencontre lors du processus de transformation. Pourquoi ?
Le dirigeant paye de sa personne
« Il n’y a de vent favorable pour celui qui ne sait où il va» : c’est tellement vrai en matière de transformation ! Sans vision de l’avenir, la transformation patine, puis finit toujours par tourner dans le vide. Le dirigeant doit donner le sens, la direction, et du sens, la signification. Cette vision ne sort pas simplement de sa tête, mais aussi de ses tripes.
Par ailleurs, toute transformation comporte nécessairement une dimension politique : certains poussent, pendant que d’autres freinent ou hésitent ! Pour surmonter les jeux de pouvoir, d’alliance et d’opposition, le dirigeant va devoir « payer de sa personne », mettre tout son poids dans la balance. Son influence nécessite d’ailleurs souvent d’être renforcée par une forte cohésion au sein de son équipe de direction. L’union fait la force !
L’engagement du dirigeant : une pièce à deux faces
Condition nécessaire de réussite, l’engagement du dirigeant est en même temps un des principaux facteurs de difficulté de la transformation. Pourquoi ? Parce que plus son engagement intellectuel et émotionnel est intense, plus, pour parler comme Herbert Simon, sa rationalité est limitée.
Le dirigeant est habité par une vision de l’avenir qui lui permet de définir un cap et de mener le projet de transformation à bon port. Mais plus son engagement dans la transformation est fort, plus la représentation de la réalité dans laquelle s’inscrit cette dernière est partielle et partiale, et plus il rencontre de difficulté à s’en extraire pour accéder à d’autres représentations que la sienne. L’engagement du dirigeant constitue sa plus grande force et, en même temps, ses plus grandes œillères. Il voit devant, parfois loin, et c’est bien ainsi. Mais du coup, il ne voit plus de côté.
La carte n’est pas le territoire
Et c’est bien là que le bât blesse ! En effet, le risque est qu’il finisse par prendre la carte pour le territoire, par oublier que le changement est plus complexe que compliqué (voir mon billet à ce sujet). En d’autres termes, par penser que sa réalité est LA VERITE.
Du coup, plutôt que d’essayer de construire une réalité suffisamment partagée pour devenir légitime à partir d’une intersubjectivité reconnue et assumée, il cherchera à faire adhérer à une soi-disante vérité qui n’est en fait rien d’autre que sa réalité à lui. Elle l’habite tellement, qu’il finira par ne plus voir qu’elle n’est qu’une parmi d’autres. Ce faisant, par irritation et par défense, le dirigeant sera plus directif qu’il ne le souhaitait.
Le rôle du consultant
Le principal atout du consultant tient au fait qu’il n’est pas acteur à part entière de la transformation. Le fait de ne pas être englué dans l’action lui permet de continuer à accéder à d’autres représentations que la sienne sans plus de parti pris que le soutien sans faille qu’il apporte à son client, le dirigeant.
En ce sens, le consultant ne pas être complètement neutre. Mais, comme le fou du roi, il rendra d’abord service au dirigeant en se préservant de lui, en gardant sa capacité à lui dire qu’il est nu et en l’aidant à continuer à accéder à ce à quoi il ne peut plus accéder seul, c’est-à-dire la représentation que les autres parties prenantes ont de la transformation.
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La vision n’est jamais une opération du saint esprit mais le résultat d’un travail quotidien pour prendre de la hauteur en vue de comprendre la manière dont les acteurs et les facteurs moteurs de l’environnement interagissent pour influencer la construction du monde de demain. Cette compréhension améliorée permet au dirigeant d’identifier sa capacité à agir pour s’insérer et contraindre son environnement pour atteindre les objectifs qu’il s’est assigné.
Dans un monde où l’information est devenue pléthorique (infobésité) et est manipulée (biaisée) par les outils eux mêmes, le dirigeant, comme le citoyen, doit se prendre en main pour accéder à l’information utile, celle qui lui permettra de construire sa vision …
Cordialement
Olivier CHAILLOT
http://www.dubitare.fr
@ Olivier : je suis 100% d’accord avec vous
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