Les managers et le changement : l’effet marathon

Les managers et le changement : l’effet marathon

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Tout manager se trouve dans une position particulière lors d’un changement : il doit accompagner ses collaborateurs tout en changeant lui-même. Cette double problématique n’a rien d’évident. Il convient ainsi, dans la démarche de changement, d’essayer de faciliter la tâche des managers plutôt que de la leur compliquer, comme c’est, de mon point de vue, trop souvent le cas. Comment ? En veillant à ce que l’effet marathon, relativement naturel dans nos organisations pyramidales et hiérarchiques, soit bien respecté.

Plus on est haut dans la hiérarchie, plus on change tôt et rapidement

Dans un marathon[1], tout le monde court la même distance, mais pas à la même vitesse. Quand les coureurs sont nombreux, ils ne peuvent pas tous partir en même temps. Ceux qui courent les plus vite partent d’abord. Dans certains grands marathons à forte affluence, les derniers coureurs prennent le départ quand les premiers sont déjà à peu près à la moitié de la course.

Toute chose égale par ailleurs, le même phénomène se produit lors d’un changement organisationnel : plus on est haut dans la hiérarchie, plus on change tôt et rapidement ! Pas parce qu’on est plus apte au changement que les échelons hiérarchiques inférieurs, mais parce qu’on est plus proche du ou des centres de décision. Du coup, quand le sommet s’agite et est fortement investi dans le changement, la base trouve que, à son niveau, rien ne bouge et que, « la haut, ils font beaucoup de bruit pour pas grand-chose ». Et, inversement ! Quand dix-huit mois après le lancement des opérations, le comité de suivi vient faire un point en comité de direction, le directeur général s’exaspère de ce qu’il entend : « ce n’est pas vrai, ce n’est pas possible, on n’en est pas encore là. On avance à la vitesse d’un escargot. Je croyais que cette étape était terminée depuis longtemps ». Ce que lui a vécu un an auparavant, le niveau N-5 est en train de le vivre alors que ce n’est plus du tout son actualité. Dans bien des cas, il a même déjà changé de changement.

Un phénomène favorable aux managers

Cela serait plus simple si tout le monde changeait au même moment et à la même vitesse. Surtout dans les organisations de grande taille, l’effet marathon complique le changement. Mais, quand il est bien respecté, il facilite la vie des managers. Il crée un décalage dans le temps entre leurs deux « rôles ». Ce découplage leur permet de changer avant d’accompagner leurs collaborateurs dans le changement. Pour bien comprendre tout l’intérêt de l’effet marathon pour les managers, reprenons la courbe du changement présentée dans ce billet. Le manager aidera plus facilement ses collaborateurs à traverser les étapes associées à une émotion négative, s’il a déjà pleinement accepté le changement, que s’il est encore lui-même sous l’emprise de la colère, la peur ou la tristesse.

Cela peut même être catastrophique que chaque niveau hiérarchique se trouve au même moment dans le même état émotionnel : il n’y en a alors pas un pour rattraper l’autre ! Les émotions négatives se renforcent et finissent par déchainer tempêtes et ouragans. Bref, rien de positif pour le succès du changement !



[1] Image et métaphore empruntées à la méthodologie de Change Management de Coca-Cola Entreprise.

2 COMMENTS

  1. […] Tout manager se trouve dans une position particulière lors d’un changement : il doit accompagner ses collaborateurs tout en changeant lui-même. Cette double problématique n’a rien d’évident. Paramètres§1234567890-=Backspace Tabqwertyuiop[] Return capslockasdfghjkl;' shift`zxcvbnm,./shift English Deutsch Español Français Italiano Polski Português Русский alt alt Paramètres  […]

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