Avec son ouvrage « Employees First, Customers Second », Vineet Nayar crée l’évènement de cette rentrée. Il y explique, de manière extrêmement factuelle, comment il a renversé la pyramide hiérarchique au sein de HCL Technologies, la SSII globale d’origine indienne de 55 000 personnes qu’il dirige.
Son EFCS (Employees First Customers Second) est un très bel exemple de management par les compétences, modèle de management en émergence qui, compte tenu de l’évolution des environnements économiques, technologiques et sociologiques, a vocation à se généraliser au sein des entreprises.
Sur la quatrième de couverture de l’édition originale, Tom Peters, un des gourous les plus influents de la « planète management », compare Vineet Nayar à Peter Drucker. De mon point de vue, il a à la fois raison et tort.
Peter Drucker : le père du management moderne
Peter Drucker, philosophe d’origine autrichienne émigré aux Etats-Unis, est considéré par nombre d’observateurs comme le père du management moderne, notamment pour sa contribution au management par les objectifs.
C’est en travaillant comme consultant à la General Motors que Peter Drucker à observé les pratiques managériales d’Alfred Sloan, son dirigeant de l’époque, et formalisé les principes du management par les objectifs.
Enseignants et consultants, plus que dirigeants !
Peter Drucker a été un visionnaire, un homme d’exception qui a considérablement apporté à l’élaboration de la pensée managériale. Mais il a observé, analysé, décortiqué le management, sans jamais véritablement le pratiquer.
Et c’est là que le bât blesse ! Les personnes qui ont le plus influencé la pensée managériale sont, à quelques exceptions près, toutes des enseignants ou des consultants. Des personnes qui observent et étudient le management, mais ne le pratiquent pas. Or, comme le dit si bien l’un d’entre eux, Henry Mintzberg, le management n’est ni une science ni un art : c’est d’abord une pratique !
Henri Fayol et Chester Barnard
Jusqu’à présent, il y avait deux exceptions notables. Henri Fayol, d’abord ! Contemporain de Frederick Taylor et de Max Weber, il dirige les Houillères de Commentry dans le sud-ouest de la France. On lui doit, notamment, la formalisation du management comme un processus composé de 5 étapes : prévoir, organiser, commander, coordonner et contrôler. Ces étapes, fréquemment ramenées à quatre, structurent encore aujourd’hui nombre de manuels de management ou de programmes de Business Schools.
Chester Barnard, président de la New Jersey Bell Telephone Company dans les années 1930, constitue la seconde exception. Dans son ouvrage majeur, The Functions of the Executive, il est, par exemple, le premier à parler de culture d’entreprise et à faire des dirigeants les dépositaires des valeurs de l’entreprise.
Une troisième exception
Avec Vineet Nayar, il y a une troisième exception. La comparaison de Tom Peters à Peter Drucker est pertinente quant à l’importance de la contribution de Vineet Nayar à l’élaboration de la pensée managériale. Il a mis en œuvre un système de management en rupture avec le modèle dominant actuel.
En revanche, la comparaison de Tom Peters est beaucoup moins pertinente quant au statut des deux précurseurs. Les propositions de Vineet Nayar ne résultent pas d’une observation, mais d’une pratique. Du coup, en plus d’apporter une contribution essentielle à la réinvention du management, que Gary Hamel appelle de ses vœux, il renoue avec une tradition oubliée pendant de trop nombreuses années : le point de vue de ceux qui observent le management peut être capital, mais ne remplacera jamais celui de ceux qui le pratiquent ! De ce point de vue là, la comparaison à Henri Fayol ou Chester Barnard est plus pertinente que celle à Peter Drucker.
une synthèse très exhaustive, je me permets de savoir votre par rapport à l’améicaine DAVE ULRICH que j’apprécie également ses articles et livres sur le management
je corrige mon précédent commentaire :
Merci pour cette synthèse très exhaustive, je me permets de demander votre avis par rapport à l’américain DAVE ULRICH et ses livres et articles sur le management
Merci
@ Yassine : Merci de vos commentaires. Je ne suis pas un très grand spécialiste des travaux de Dave Ulrich. Je trouve simplement que ce qu’il a écrit sur le positionnement de la DRH comme business partner, qui l’a beaucoup fait connaître, a été, dans les entreprises françaises au moins, plus ou bien bien interprété. Et vous, quel est votre point de vue ?