La structure organisationnelle est la résultante de deux processus complémentaires : la division du travail d’une part, la coordination des activités d’autre part. Les logiques organisationnelles sont la principale manifestation du premier de ces deux processus. Elles caractérisent la manière dont les activités sont regroupées en unités et, ce faisant, le critère de différenciation des unités organisationnelles entre-elles.
Logiques fonctionnelle et divisionnelle
Imaginons une entreprise qui conçoit, fabrique et commercialise trois types de produits : A, B et C. Elle a deux grandes manières de se structurer. D’une part, elle peut décider de regrouper dans les mêmes unités les activités de même nature, les activités qui remplissent la même fonction, qui mobilisent les mêmes compétences, au sens technique du terme. Dans ce cas, elle regroupera l’ensemble des activités de développement au sein d’une même direction (développement des produits A, développement des produits B et développement des produits C), l’ensemble des activités de production au sein d’une autre direction et, enfin, l’ensemble des activités de vente au sein d’une dernière. Ce faisant, notre entreprise sera organisée dans une logique fonctionnelle, le critère de différenciation entre les unités et celui de regroupement des activités au sein d’une même unité étant la fonction.
Notre entreprise peut, d’autre part, décider de regrouper dans la même unité les activités qui appartiennent à un même processus et qui concourent à produire un même résultat. Dans ce cas de figure, elle regroupera l’ensemble des activités qui participent à mettre les produits A sur le marché (développement des produits A, fabrication des produits A et commercialisation des produits A) dans une même direction, l’ensemble des activités liées aux produits B dans une autre et celles liées aux produits C dans une dernière. Elle sera alors organisée selon une logique divisionnelle, le critère de différenciation entre les unités et de regroupement des activités au sein d’une même unité étant le résultat.
Des avantages et des inconvénients opposés
Chacune des deux logiques organisationnelles présente des avantages et des inconvénients. Du reste, les avantages de la logique fonctionnelle sont les inconvénients de la divisionnelle, et inversement.
La logique fonctionnelle permet les économies d’échelle. S’il y a des composants communs aux produits A, B et C, les fabriquer au même endroit et/ou regrouper les achats au sein d’une même entité permet de bénéficier d’effets de volume et d’expérience. Par ailleurs, la logique fonctionnelle autorise une plus grande spécialisation technique. Elle est donc favorable au développement de l’expertise et au partage de connaissances entre spécialistes. Imaginons qu’un directeur des Ressources Humaines obtienne la création de trois postes de la part de son directeur général. S’il choisit la logique divisionnelle, il créera trois postes de généralistes, les fameux RH Business Partners : un premier pour les produits A, un deuxième pour les produits B et un dernier pour les produits C. Si, au contraire, il opte pour la logique fonctionnelle, il pourra créer un poste dédié à l’administration du personnel, un autre au développement des talents et un dernier aux relations sociales. Il aura à sa disposition non pas trois généralistes, mais trois spécialistes.
En revanche, la logique fonctionnelle interdit la responsabilité globale et ralentit les processus de décision. Seul le directeur général est à la tête d’un centre de profit dans une logique fonctionnelle alors que les directeurs de division A, B et C peuvent chacun avoir leur propre compte de résultat. Par ailleurs, si un client se plaint d’un problème sur les produits A, dans une logique fonctionnelle, le vendeur des produits concernés remontera l’information au directeur lors de la réunion commerciale, lequel directeur évoquera le problème lors du comité de direction suivant. Si on pressent qu’il s’agit d’un problème de production, le directeur de fabrication informera le responsable de fabrication des produits A. Et si, après vérification, ce dernier estime qu’il s’agit non pas d’un problème de production mais de développement, le même circuit sera suivit avant que l’information ne parvienne aux oreilles du responsable de développement des produits A. Le client aura eu le temps de changer de fournisseur !
La logique divisionnelle favorise l’autonomie et la responsabilité globale. Les directeurs de division peuvent être responsabilisés sur un résultat économique et se voir attribuer des moyens propres pour les atteindre alors que, dans la logique fonctionnelle, seul le directeur général peut être à la tête d’un compte de résultat. Par ailleurs, la logique divisionnelle permet une différenciation des activités cohérente avec la segmentation stratégique de l’entreprise. Si la stratégie déployée pour les produits A n’a rien à voir avec celle des produits B et celle des produits C, parce que les enjeux concurrentiels sont différents, si l’entreprise joue les coûts pour certaines catégories de produits et la différenciation pour d’autres par exemple, alors la logique divisionnelle permettra que les activités ne se polluent pas les unes les autres.
En revanche, la logique divisionnelle interdit les économies d’échelle, ne favorise pas la mutualisation de moyens et, surtout, duplique les fonctions. L’entreprise a besoin de trois responsables RH, un par division, là où elle pourrait n’en avoir qu’un dans une logique fonctionnelle. Enfin, la logique divisionnelle ne facilite pas la mise en place de politiques communes au niveau de l’entreprise et, revers de la médaille de l’autonomie et de la responsabilité, peut favoriser le développement des baronnies, chaque directeur de division ayant des moyens propres et des enjeux spécifiques.
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