S’inspirer du vivant pour organiser l’entreprise : mon dernier ouvrage

S’inspirer du vivant pour organiser l’entreprise : mon dernier ouvrage

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Mon dernier ouvrage « S’inspirer du vivant pour organiser l’entreprise », paru chez De Boeck en septembre 2021, est consacré à l’organisation cellulaire, l’un des 5 modèles organisationnels de la typologie développée dans mes ouvrages précédents (voir le billet qui leur est consacré).

Moins idéologique et plus structurée que l’entreprise libérée ! Moins contraignante et compliquée que l’holacratie ! L’organisation cellulaire, dont les fondations se trouvent plus dans la biologie et l’écologie que dans la mécanique, permet de rompre radicalement avec les modèles bureaucratiques et pyramidaux. C’est un modèle organisationnel particulièrement adapté à la complexité des environnements que nombre d’entreprises connaissent actuellement.

Le modèle de l’organisation cellulaire est présenté sous la forme de 10 principes opérationnels.

Principe N°1 : Un système ouvert sur son écosystème

L’organisation cellulaire adopte une vision extensive et dynamique de son environnement qui englobe l’ensemble de ses parties prenantes (actionnaires et clients, mais aussi fournisseurs, organismes régulateurs, groupes d’intérêts, société civile…) auxquelles elle se sent viscéralement liée par une communauté de destin. Son environnement ne se réduit ni à ses marchés ni à ses actionnaires. Si elle existe et perdure, c’est parce qu’elle est utile à la société dans son ensemble. Elle possède une raison d’être au cœur de laquelle se situe son utilité sociale, voire sociétale, et pas seulement sa valeur ajoutée économique. De ce fait, et contrairement à d’autres modèles organisationnels, la finalité de l’organisation cellulaire n’est pas seulement économique.

Parce qu’elle est la forme organisationnelle qui permet de faire face au niveau de complexité le plus important, l’organisation cellulaire est en capacité d’appréhender son environnement comme un écosystème. Elle est ainsi le seul modèle organisationnel qui peut prétendre à de véritables ambitions sociétales et écologiques.

Principe N°2 : Des équipes auto-organisées comme unités de base

La cellule est la plus petite unité du vivant. De la même manière, l’équipe est la plus petite unité de l’organisation cellulaire.

Les équipes de l’organisation cellulaire sont auto-organisées. Elles décident par elles-mêmes, non pas de leurs objectifs, mais de la manière de les atteindre. Cette capacité d’auto-organisation exclut a priori toute forme d’ingérence. Il y a ici un parti pris fondamental : les coéquipiers sont les mieux à même de déterminer leur mode de fonctionnement selon les moments, les caractéristiques de leur contexte d’action et les évolutions pas toujours prévisibles de l’environnement de l’équipe. C’est d’abord et avant tout cette capacité d’auto-organisation qui permet à l’organisation cellulaire de faire face à un haut degré de complexité et, en conséquence, d’avoir une représentation extensive et dynamique de son environnement.

Principe N°3 : Les réseaux plutôt que la hiérarchie

Comme l’illustre de manière imagée Edgar Morin, au sein de l’organisation cellulaire, la hiérarchie est moins la pyramide qui impose que l’arbre qui s’élève. Les mouvements entre les niveaux organisationnels sont plus ascendants que descendants ; la circulation de l’énergie plus bottom up que top down.

Au total, bien que hiérarchisée, l’organisation cellulaire est plutôt une hétérarchie dans la mesure où les unités d’un même niveau organisationnel se combinent et se recombinent à travers, non pas une, mais plusieurs hiérarchies.

Principe N°4 : Des fonctions support vraiment orientées clients

Il peut arriver dans certaines organisations que les relations entre les unités opérationnelles et les services support soient quelque peu embrouillées. Au point que, parfois, les premières ont le sentiment d’être au service des seconds, et non l’inverse comme cela devrait être le cas en théorie.

Au sein de l’organisation cellulaire, il n’y a pas d’ambiguïté : les unités opérationnelles se positionnent comme les « clients » des services support. Les unités opérationnelles, centrées sur un résultat spécifique et clairement mesurable, sont responsables de l’ensemble de la performance, c’est-à-dire à la fois de l’efficacité (les résultats obtenus) et de l’efficience (l’utilisation de leurs ressources). Les services support les conseillent mais ne participent jamais directement à la prise de décision. Ils les déchargent d’une partie d’activité périphérique à leur cœur de métier dans une stricte relation « client/fournisseur ».

Principe N°5 : Des règles pour produire… des règles

La gouvernance de l’organisation cellulaire repose sur des métarègles, règles qui permettent de définir des règles. Ces métarègles sont suffisamment générales pour permettre aux unités de chaque niveau organisationnel de définir leurs propres règles de fonctionnement et préserver ainsi leur capacité d’auto-organisation. En même temps, elles doivent être suffisamment précises pour que les grands principes de fonctionnement de l’organisation cellulaire soient compris, intégrés, partagés et respectés.

Les métarègles sont l’équivalent d’une constitution dont on peut faire évoluer le contenu au fil du temps mais à laquelle on ne déroge pas. Une fois les métarègles formalisées, le rôle de l’équipe de direction consiste à veiller à leur respect.

Principe N°6 : A la manière d’un hologramme

A l’image d’un hologramme, chacune des unités de l’organisation cellulaire est porteuse du tout dans sa globalité. En conséquence, elle peut leur octroyer une forte autonomie sans que son fonctionnement devienne anarchique.

Chaque entité de l’organisation a introjecté la raison d’être, les métarègles et, plus largement, la culture d’entreprise. La régulation culturelle est extrêmement forte au sein de l’organisation cellulaire. Les entités qui la composent partageant les mêmes valeurs et les mêmes principes d’action, elle peut se passer de managers hiérarchiques pour rappeler à l’ordre les collaborateurs déviants, autant que de procédures et de définitions de poste pour préciser et figer le « qui fait quoi ».

Principe N°7 : Un développement par démultiplication

De même que le corps humain se développe par démultiplication cellulaire, quand les équipes ou les entités opérationnelles atteignent un seuil critique, plutôt que d’assurer le développement de l’entreprise en continuant à augmenter leur taille, on en crée de nouvelles. L’organisation cellulaire est adepte du Small is Beautifull.

La préservation d’unités de taille réduite permet à chacun de leurs membres de se connaître intimement et est ainsi particulièrement favorable aux relations de confiance. Cela dote également les unités d’une réactivité et d’une flexibilité offertes par aucun des autres modèles organisationnels. Enfin, lorsque chacun peut s’identifier à un tout pas trop éloigné de sa réalité quotidienne, le sentiment d’appartenance et l’engagement se trouvent renforcés.

Principe N°8 : Un pilotage intégré à cycles courts

Les organisations cellulaires sont particulièrement agiles. Leur pilotage est ainsi incrémental et itératif. Elles sont souvent adeptes de la fameuse méthode Scrum issue du développement informatique.

Plutôt que de planifier l’activité une fois pour toute et seulement sur le moyen voire le long terme, au sein de l’organisation cellulaire, le cycle de pilotage – fixation d’objectifs, suivi de l’activité, évaluation des résultats – comporte aussi une dimension de très court terme de manière à permettre des ajustements opérationnels en temps réel.

Par ailleurs, le destinataire de la production, le « client », est intégré à chaque itération du cycle. Du coup, si entre la contractualisation initiale et chacune des « livraisons » intermédiaires ses besoins évoluent, le contenu du contrat est modifié en cours de route.

Principe N°9 : Une circulation de l’information directe et transparente

Les membres de l’équipe de direction d’une organisation cellulaire ne suivent absolument pas les recommandations faites aux managers à longueur de formation depuis des années : ils s’adressent directement à l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise en court-circuitant les différents niveaux organisationnels. L’information est directe, les intermédiaires les moins nombreux possible. La rapidité de circulation de l’information prime sur tout le reste.

Par ailleurs, l’information est transparente. Les sujets jugés confidentiels sont beaucoup moins nombreux que dans d’autres types d’organisation. La performance d’une équipe, par exemple, est connue non seulement de l’ensemble des coéquipiers mais aussi des membres des autres équipes. Cette transparence de l’information est gage d’efficacité et de confiance.

Enfin, l’information est redondante. Les multiples canaux de communication permettent aux informations d’emprunter plusieurs chemins pour parvenir à leurs destinataires. La diffusion de l’information au sein de l’organisation cellulaire n’est ainsi pas très efficiente mais est d’une extraordinaire efficacité. La redondance la dote d’une grande réactivité et d’une agilité sans égale.

Principe N°10 : Un changement permanent, une transformation silencieuse

Le changement cesse d’être un sujet de management pour devenir une question d’organisation. L’organisation cellulaire est conçue pour produire, c’est-à-dire transformer des inputs en outputs, mais aussi pour changer. Le changement n’est pas la prérogative d’un département spécifique, comme on le voit dans certains autres modèles organisationnels. C’est l’affaire de tous. Le changement fait partie de l’ADN de l’organisation cellulaire. Il est au cœur de sa culture.

Pour reprendre la belle expression de François Julien, les transformations sont silencieuses, c’est-à-dire qu’elles se déroulent sous les yeux des membres de l’organisation cellulaire par petites touches continues à peine perceptibles. Ce n’est qu’à un moment donné qu’ils prennent conscience d’un état différent comme quand, par exemple, nous nous apercevons que nos enfants sont devenus des adultes alors même qu’ils grandissent un peu chaque jour sous nos yeux.

Des principes systémiques à déployer de manière contingente

Au sein de l’ouvrage, chaque principe fait l’objet d’un chapitre spécifique et est illustré par le cas d’une entreprise différente : MAIF, Google, Spotify, W.L. Gore (Goretex), HCL Technologies, Leroy Merlin, Spie Batignolles, Haier, l’armée américaine et Holacracy One.

Les 10 principes constitutifs de l’organisation cellulaire sont liés les uns et autres et forment ensemble un système. Chaque entreprise tentée par l’aventure doit les déployer de manière spécifique en fonction de ses caractéristiques et de celles de son contexte d’action.

En annexe sont présentés les modèles organisationnels, développés depuis les années 1960, dont l’organisation cellulaire s’inspire : équipes autonomes, logique organique, sociocratie, Team-Based Organization

Vous pouvez vous procurer l’ouvrage en cliquant ici.

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